Première adjointe au maire de Paris et candidate à la
Mairie en 2014, Anne Hidalgo soutient depuis huit ans l’entrepreneuriat social
dans la capitale. Elle nourrit de grandes ambitions pour ce secteur. Elle
promet de faire de Paris, la capitale de l’économie sociale et solidaire et d’augmenter
à 10% le nombre de contrats publics à clause sociale.
Avec une telle volonté et ambition affichées, Paris
est en voie de damer le pion à Montréal comme vitrine d’une économie sociale
florissante et rayonnante à l’international.
Entrevue
de la http://www.latribune.fr
Comment Paris peut-elle se renforcer
économiquement et créer les conditions pour devenir une capitale en pointe à
l'horizon 2030 ?
ANNE HIDALGO - Le XXIe siècle est le siècle des
métropoles. À Paris, comme à New York, Shanghai ou Lagos, les décideurs doivent
être plus inventifs que jamais pour trouver les clés de l'économie de demain.
Les grandes villes du monde sont confrontées aux mêmes défis:
l'approvisionnement alimentaire, l'énergie, les mutations du travail et de
l'habitat, l'accueil de populations nombreuses…
Nous devons miser sur l'innovation, aussi bien sociale que
technologique, et faire émerger des solutions inédites. Cela passe par la
mutualisation des savoirs: plutôt que de les opposer, Paris doit faire
travailler ensemble chercheurs, start-up, PME et grandes entreprises.
Pour cela, nous devons réinventer la ville et l'adapter aux nouvelles
façons de créer, en construisant ces bâtiments d'un genre nouveau qui
permettent le travail collaboratif, le télétravail, le bureau-logement, les
pépinières. C'est dans cet esprit que je propose de transformer la bordure de
Paris, de la porte de Versailles jusqu'à Clichy-Batignolles, en un grand « arc
de l'innovation ».
Ce nouveau territoire mixte d'habitat, de développement économique sera
l'occasion de repenser nos manières de se loger, de travailler et de créer: s'y
mêleront universités, start-up, incubateurs d'entreprises, logements pour tous,
des équipements publics sociaux, sportifs et culturels et des commerces. C'est
comme cela que je conçois « l'innovation ouverte, sociale et culturelle ».
C'est aussi grâce à des projets comme celui-ci que nous construirons le
Grand Paris, facteur déterminant de la croissance économique de la capitale.
Nous bâtissons déjà des projets communs avec les villes qui nous entourent,
pour effacer la frontière du périphérique. Et je veux consolider les secteurs
très dynamiques de Paris tout en faisant émerger des activités nouvelles qui
créeront des emplois pour tous, comme l'économie sociale et solidaire.
Comment aider Paris et les
entreprises, mais aussi les Parisiens à vivre bien et à se développer ?
Nous devons investir dans des nouvelles formes d'économie qui concilient
la rentabilité économique et l'innovation sociale. Je veux que Paris devienne
la capitale de l'économie sociale et solidaire. Ce secteur représente un fort
potentiel de création d'emplois et une solution durable aux problèmes
rencontrés par les Parisiens les plus fragiles. J'en suis convaincue : les
métropoles sont la bonne échelle pour changer le monde.
Par exemple, je m'engage à augmenter de 10% le nombre de marchés publics
à clause sociale, afin de permettre aux personnes en insertion de bénéficier
d'opportunités de retour à l'emploi. C'est pourquoi j'organiserai annuellement
un grand forum international qui rassemblera les leaders du secteur de l'ESS et
développerai des jumelages avec d'autres métropoles autour de ce thème.
Aider les Parisiens à bien vivre, c'est aussi promouvoir les bonnes
politiques d'emploi et d'insertion. Beaucoup de démarches sont à simplifier:
pour les chômeurs, je veux regrouper les dispositifs existants en un lieu
unique et y associer l'accès à des formations.
De quelle manière Paris peut-elle
devenir exemplaire en matière d'économie du partage ?
L'économie du partage, c'est le signe que les citoyens favorisent un
modèle durable et collaboratif au détriment du gaspillage et de
l'individualisme. Les Parisiens ont été assez avant-gardistes en adoptant
Vélib' et Autolib'. Je suis fière de ce changement de paradigme que nous avons
accompli, il nous servira de base pour de nouveaux services innovants que nous
développerons à l'échelle du Grand Paris.
Ces initiatives publiques exemplaires ne font pas le tout de l'économie
de partage: souvent, ce sont des entreprises ou des associations qui offrent de
nouvelles façons de consommer ou de recycler les objets dans une démarche
d'économie circulaire.
À Paris, je trouve aussi formidable le développement des Amap, qui
mettent en réseau les producteurs locaux et les acheteurs, sans intermédiaires,
ou encore les « accorderies » qui permettent aux gens d'un même quartier d'échanger
des services gratuitement.
Dans le même temps, beaucoup de start-up ont commencé à révolutionner
certains secteurs, plébiscitées par les consommateurs. Je pense que ce
mouvement est positif pour l'économie même si, comme tout marché, celui-ci doit
être réglementé pour ne pas fragiliser des emplois ou des écosystèmes en place.
L'économie du partage, c'est aussi le « crowdfunding ». Je veux lancer
un outil de financement participatif pour les commerces de proximité et les
associations de quartier du Grand Paris. Les Parisiens pourront découvrir les
projets des commerçants, échanger avec eux et les soutenir financièrement. Il
faut aller plus loin en termes d'économie collaborative et d'économie
circulaire.
Pour moi, la co-gouvernance et l'administration de demain s'appuieront
beaucoup sur les principes de partage.
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