Bixi
est devenu en quelques années un élément important, un atout de l’offre récréotouristique
de Montréal. Ce serait absolument dommageable d’abandonner ce service, dont
Montréal en a donné le goût à d’autres villes, parce qu’il ne serait pas
rentable à 100%. Pour évaluer l’importance et la viabilité de BIXI, il ne faut
pas uniquement se limiter à la dernière ligne de l’État des résultats de ses
états financiers mais porter un regard global sur l’ensemble des retombées
socio-économiques du projet, tant sur le plan environnemental, des transports
actifs, touristique que social.
Montréal
est reconnue internationalement comme une ville où il fait bon pédaler. La
ville a reçu le titre de « l'une des meilleures villes cyclables à l'échelle
internationale », attribué par la prestigieuse revue américaine Bicycling en
2007.
A
son lancement BIXI a été primé dans la catégorie énergie durable, lors des
Edison Awards 2009 qui récompensent les plus belles innovations de l'année. Le
concept a connu depuis sa mise en service une popularité telle, qu’il a été
implanté dans les villes américaines comme Boston, Minneapolis, Washington, New
York, en plus de voir le jour sur deux autres continents, en Europe (à Londres)
et en Océanie (à Melbourne).
Les offres de vélopartage pour attirer les
touristes urbains
Plus de 300 villes à travers le monde jouissent d’un système de vélopartage.
De Montréal à Hangzhou, en Chine, les utilisateurs se multiplient et les
touristes urbains se joignent au mouvement. Populaire, pratique et écologique,
leur usage fait parfois même la fierté de certaines villes. Ces systèmes
permettant une mobilité douce sont présents dans plus de 25 pays européens, en
Asie, en Océanie, en Amérique du Sud et en Amérique du Nord.
Plus de cyclistes, mais moins d’accidents
grâce au Bixi
L’arrivée du
Bixi a fait gonfler la pratique du vélo non seulement au centre-ville de
Montréal, mais partout sur l’île, sans pour autant augmenter le nombre
d’accidents sur les pistes cyclables, et les routes en général.
Une étude
publiée par des chercheurs montréalais dans l’American Journal of Preventive Medecine (AJPM)
démontre en effet que l’entrée en scène du Bixi en 2009 a fait augmenter de
façon sensible le nombre de cyclistes dans la métropole, et cela, même en dehors
des zones couvertes par le service de vélo en libre-service (SVLS).
Des
retombées socio-économiques certaines
Nous vous rappelons
que le système de vélos en libre-service génère 450 emplois directs chez BIXI et
les sous‐traitants qui en fabriquent les différentes composantes.
En plus l’entretien des vélos est assurée par CycloChrome dont la mission est la
lutte au décrochage scolaire et l’intégration socioprofessionnelle des jeunes par
l’offre de cours, des formations et des stages en milieu de travail.
Pas
de système de vélo libre-service sans investissements publics
Il
ne faut pas se leurrer, aucun système de vélo libre-service n’est viable sans
un investissement de fonds publics. Même dans les pays où les SVLS sont gérés
par des entreprises privées, il a fallu leur concéder d’autres sources de
revenus comme l’affichage publicitaire sur le mobilier urbain pour en assurer
la rentabilité. Oublions donc la lamentable aventure commerciale internationale
de Bixi et considérons BIXI comme un
choix collectif de services complétant l’ensemble des services de transport
public existants. Dans cette optique, le public devra assurer une partie de son
financement car les revenus de ventes et de commandites ne suffiront pas en
assumer les frais, du moins pour le moment.
Des solutions de financement existantes
ailleurs dans le monde
Il
y’a plusieurs modèles de gestion et de financement des Systèmes de vélo
libre-service à travers le monde. Certains sont gérés par des gouvernements :
Cambridge, England Green Bikes, Burgos, Spain’s Bicibur. D’autres sont gérés
par des agences de transport publiques : DB Rent’s, Call a bike. Mais les
modèles les plus répandus, notamment en Europe, semblent la gestion par des compagnies de publicités ou des organismes sans but
lucratif.
La gestion par des compagnies
de publicité
Ce
modèle permet de mettre en place des VLS en échange d’affichage publicitaire
dans l’espace public. L’avantage de ce modèle est le financement par ces
compagnies et non par le gouvernement qui ne veut pas se permettre de réaliser
un tel projet uniquement sur ses propres fonds.
L’inconvénient
est la transformation de l’espace public en affichage publicitaire.
·
Le vélo'v à Lyon
Vélo'v
désigne le SVLS mis en place dans la communauté urbaine de Lyon et géré par
l'entreprise JCDecaux depuis le 19 mai 2005. C'est le nom sous lequel JCDecaux
exploite son système Cyclocity à Lyon et Villeurbanne.
Dans
un contrat de treize ans, la société JCDecaux des droits d’affichage publicitaires dans la
ville de Lyon. Elle a obtenu d'installer 64 Mupi (sucettes d'affichages
déroulantes à trois annonceurs) supplémentaires et 835 nouveaux abribus, pour
la plupart dotés d'affichage publicitaire éclairé et déroulant. D'autre part, 1
365 abribus déjà existants sont remplacés par de nouveaux abribus comportant
pour la plupart de la publicité, déroulante et éclairée ; 635 Mupi sont
également remplacées par des dispositifs déroulants et éclairés.
·
Le Vélib’ de Paris
Vélib’
(mot-valise, contraction de vélo et liberté) est le système de vélos en
libre-service de Paris disponible depuis le 15 juillet 2007. Mis en place par
la Mairie de Paris, il est géré par le groupe industriel JCDecaux qui décline à
cette occasion une version parisienne de son système Cyclocity.
Disponible,
dans un premier temps, uniquement dans Paris, le système a été déployé, à
partir de début 2009, dans trente communes de la petite couronne pour atteindre
progressivement le chiffre d'environ 14 000 vélos répartis sur 1 230 stations
dont 238 en proche banlieue.
Suivant
le modèle de Lyon, la Ville décida de coupler le marché publicitaire au marché
des vélos. Le marché serait attribué pour 10 ans et a été attribué à JCDecaux.
La publicité devrait lui rapporter 60 millions d’euros par an et les vélos
coûtent à l’entreprise entre 40 à 50 millions d’euros.
La
ville ne subit alors pas la charge financière et logistique du service de
location de vélos. En prime, l’exploitant devra lui verser une redevance de 3,5
millions d’euros ainsi que les recettes des abonnements et des locations.
La gestion par des organismes
sans but lucratif (OSBL)
Les
SVLS Bycyklen de Copenhague et Lausanne Roule sont gérés par OSBL expressément
créés pour la gestion du service.
L’avantage
est que ces organisations reçoivent en général une aide financière en plus des
revenus générés par les utilisateurs et les commandites.
·
Bycyklen à Copenhague
Bien
que soutenu par la ville de Copenhague, intéressée dans le but de promouvoir
les modes de déplacements doux et de réduire la place de la voiture en centre-ville,
le système est quand même en grande partie financé par des fonds privés sous
forme de publicité ; c'est ainsi que l'on peut voir des Bycyklen circuler aux
couleurs de Coca-Cola.
La
ville assure une grande partie du service technique, et l'entretien des vélos
est réalisé par des travailleurs volontaires en prison.
·
Lausanne roule
C’est
une OSBL soutenue financièrement par les villes dont la mission est large.
Lausanne
Roule se situe dans une optique de développement durable en promouvant la
mobilité douce et la santé publique à travers la pratique du vélo. L’organisme facilite
également l'intégration de requérants d'asile en les mettant en contact avec la
population, et leur dispense une formation en mécanique pouvant leur être utile
dans la recherche d’un emploi.
Financement par la commandite
privée à 100%
Citi Bike à New York
Citi
Bike est le système de vélos en libre-service de la Ville de New York. Il est
disponible depuis le 27 mai 2013. Le système utilise la plateforme de
vélopartage BIXI développée à Montréal, et est géré par Alta Bicycle Share,
société de Portland qui gère plusieurs systèmes similaires aux États-Unis. C’est l’un des rares systèmes financés à 100%
par la commandite privée. Le système est financé par Citibank.
A
mon humble, la meilleure alternative pour le BIXI local est le modèle d’entreprise
d’économie sociale (OSBL) qui combine des revenus d’utilisation et des
commandites privées. Un soutien financier complémentaire de la Ville pourrait
être nécessaire pour assurer la viabilité du projet tout en mettant des efforts
pour trouver des façons d’accroître les commandites privées.
Une
chose est sûre, Montréal a plus à perdre en abandonnant les activités locales
de BIXI et pas grande chose à gagner. Ce serait un recul préjudiciable à l’image
de la ville.
Très intéressant de voir ce qui se fait ailleurs en matière de gestion des Systèmes de vélo libre-service.
RépondreSupprimerAucun doute que le modèle économie sociale répondra aux attentes des Montréalais concernant BIXI. En effet, l'entreprise d'économie sociale repose sur une gouvernance démocratique, la transparence, l'équilibre entre la recherche de rentabilité et la qualité des services offerts à la communauté. C'est le juste milieu entre une entreprise privée qui va vouloir faire de l'argent sur le dos des Montréalais et une gestion publique trop coûteuse et parfois opaque.
Excellent article.
JF Renaud.
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