L'idée du partenariat public-privé (PPP) pour financer des grands projets d’infrastructures (immobiliers, parcs, ponts, routes, transports en commun) est bien connue et a été beaucoup explorée ces dernières années. Ce type de partenariat, qui impliquait traditionnellement des entreprises privées à but lucratif, prend désormais de nouvelles formes avec l’entrée en jeu des organismes à but non lucratif (OBNL) et surtout des citoyens. À New York, par exemple, des OBNL travaillent avec la ville pour financer des projets dans au moins trois grands parcs, et un des ces partenariats a permis à la ville de financer la construction de son désormais célèbre High Line Park sur le terrain surélevé d'un vieux réseau ferroviaire. Un autre groupe a convaincu l’Autorité métropolitaine de transport de la ville de transformer une partie inutilisée de son réseau de métro souterrain en un parc souterrain. Le projet a réussi à lever son financement initial sur Kickstarter.
Ce succès, et d'autres projets similaires, ont incité plusieurs entrepreneurs à initier des sites de crowdfunding pour financer spécifiquement des projets d’infrastructures communautaires. Ces sites tentent de redéfinir les relations entre les villes et les citoyens. Grâce au crowdfunding, on passe du Partenariat public-privé (PPP) à un type de partenariat que je qualifierai de public-citoyen (PPC). En même temps, d’autres initiatives complémentaires d’implication des citoyens dans le développement de leurs communautés émergent comme le logiciel appelé ChangeByUs qui s'est transformé au fil du temps en une plate-forme municipale permettant de tisser des liens entre citoyens dans l'espoir qu'ils s’organisent autour de projets ambitieux à l’échelle locale. ATTENTION ! On ne parle pas ici de remplacer les taxes et autres sources de financement publiques par le crowdfunding. Cette alternative priorise avant tout des projets spécifiques de petite envergure, non pris en compte dans les planifications stratégiques des villes, par manque d'argent mais très importants pour certains quartiers. Oubliez donc le financement de la Rue Notre Dame par le financement populaire. Ca fait plus de 40 ans qu'on est pas capable de la faire collectivement :-).
Ce succès, et d'autres projets similaires, ont incité plusieurs entrepreneurs à initier des sites de crowdfunding pour financer spécifiquement des projets d’infrastructures communautaires. Ces sites tentent de redéfinir les relations entre les villes et les citoyens. Grâce au crowdfunding, on passe du Partenariat public-privé (PPP) à un type de partenariat que je qualifierai de public-citoyen (PPC). En même temps, d’autres initiatives complémentaires d’implication des citoyens dans le développement de leurs communautés émergent comme le logiciel appelé ChangeByUs qui s'est transformé au fil du temps en une plate-forme municipale permettant de tisser des liens entre citoyens dans l'espoir qu'ils s’organisent autour de projets ambitieux à l’échelle locale. ATTENTION ! On ne parle pas ici de remplacer les taxes et autres sources de financement publiques par le crowdfunding. Cette alternative priorise avant tout des projets spécifiques de petite envergure, non pris en compte dans les planifications stratégiques des villes, par manque d'argent mais très importants pour certains quartiers. Oubliez donc le financement de la Rue Notre Dame par le financement populaire. Ca fait plus de 40 ans qu'on est pas capable de la faire collectivement :-).
Je vous présente ici 3 exemples de plateformes de crowdfunding soutenant des projets d’infrastructures communautaires :
Neighbor.ly
Jase Wilson avait participé à une mini-conférence au MIT, où un collègue a fait une présentation sur le crowdfunding des projets communautaires comme Spacehive au Royaume-Uni, qui est une plateforme de financement des projets de revitalisation urbaine à Londres.Il rentra chez lui à Kansas City, où un débat controversé a éclaté sur la façon de financer un projet de tramway que les autorités voulaient financer en augmentant les impôts des entreprises et des propriétaires fonciers vivant dans la zone couverte par le tramway. Kansas City avait tenté en vain pendant la dernière décennie d’obtenir une subvention de 25 millions de dollars du Ministère fédéral des Transports pour financer en partie ce projet estimé à un coût total de 100 millions de dollars.
Jase Wilson a donc proposé l'idée du crowdfunding pour soutenir les efforts du bureau du maire Sly James en lançant un prototype de ce qui allait devenir Neighbor.ly
Les gouvernements locaux et les organismes communautaires peuvent soumettre des projets sur le site. Les visiteurs (particuliers et entreprises) peuvent faire un don à des projets à différents niveaux. Neighbor.ly ne prétend pas remplacer les taxes ou autres mécanismes de financement publics, mais agira comme une autre source de revenus complémentaires pour des initiatives particulières.
«Maintenant, les citoyens peuvent soutenir directement un nouveau parc, un musée, une ligne de tramway, un projet de vélos en libre services. Ce qui facilite la réalisation des projets qui ne l’auraient pas été autrement et contribue à renforcer le sentiment d’appartenance des citoyens » selon Jase Wilson.
Neighbor.ly est donc une plate-forme de financement communautaire qui fournit une occasion unique pour les gouvernements locaux, les organisations et des entreprises d'obtenir du financement pour des projets locaux spécifiques. Le site a pour mission d'aider les villes à court d’argent et permettre aux citoyens, entreprises et institutions d’investir dans des lieux et des projets locaux qui leur tiennent à cœur.
Neighbor.ly est donc une plate-forme de financement communautaire qui fournit une occasion unique pour les gouvernements locaux, les organisations et des entreprises d'obtenir du financement pour des projets locaux spécifiques. Le site a pour mission d'aider les villes à court d’argent et permettre aux citoyens, entreprises et institutions d’investir dans des lieux et des projets locaux qui leur tiennent à cœur.
Le projet en vedette actuellement sur le site est une initiative de vélos libre-service à Kansas City qui est rendu à 418 713 $ de levée de fonds provenant de vingt donateurs pour un objectif de 1 200 000 $.
Comme la plupart des sites de crowdfunding, Neighbor.ly offre des "avantages en nature" comme des autocollants, des T-shirts, des sacs d'emballage, des pixels, ainsi que la possibilité de faire partie d'un projet artistique qui envelopperait le tramway avec un collage de messages provenant des bailleurs de fonds. Le site travaille également sur l'offre d'avantages plus complexes, telles que la publicité et la vente aux enchères des droits de dénomination pour les arrêts sur le parcours cyclable. Des crédits d'impôts pourraient également être impliqués.
Semblable à neighbor.ly, les projets soumis sur Citizinvestor devront être initiés par des municipalités, mais le site permet aux citoyens d'adresser des pétitions pour les projets.
Aucun argent n’est retiré de la carte de crédit des utilisateurs jusqu'à ce que le projet atteigne son objectif de financement. Plus important encore, tous les projets proposés doivent être approuvés par le gouvernement local avant d'être lancés. En plus de ces restrictions, la plate-forme compte aussi sur la volonté et la responsabilité des autorités pour faciliter la réalisation des projets. "Si un projet d’une aire de jeux dans un quartier pauvre qui arrive à lever 10 000 $ provenant de 500 donneurs, ne se réalise pas, la ville aura 500 citoyens sur le dos" affirme le promoteur du site Jordan Raynor.
Contrairement à Neighbor.ly, Citizinvestor ne propose aucune récompense, parce que les questions juridiques entourant sa gestion semblaient trop complexes.
Contrairement à Neighbor.ly, Citizinvestor ne propose aucune récompense, parce que les questions juridiques entourant sa gestion semblaient trop complexes.
Citizinvestor se concentre également sur des petits projets, des projets dans les cinq chiffres de 10 000$ - 20 000$ en partant de l'hypothèse que ceux-ci sont plus faciles à financer.
Patronhood est une troisième plate-forme qui vient d’être lancée par trois participants d’une école d’été à Berkeley dont un Montréalais.
Patronhood est ouvert à des projets à l'échelle internationale et à tout promoteur ayant un bon projet et capable de le réaliser
Patronhood est ouvert à des projets à l'échelle internationale et à tout promoteur ayant un bon projet et capable de le réaliser
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"Le but de Patronhood est la construction d'une communauté autour des projets", affirme Sachin Shukla, l’un des co-fondateurs. Dans cette optique les fondateurs investissent beaucoup d’efforts dans l’accompagnement des promoteurs de projets pour les aider à élaborer leur campagne de financement. Patronhood envisage aussi de faciliter les échanges et les occasions d’apprentissage entre les entrepreneurs, un aspect souvent absent des autres projets de sites de crowdfunding.
Les contreparties offertes par le site peuvent prendre la forme de croquis, de dessins, de photographies, ou autres gadgets liés au projet en question.
Avant de viser des projets prestigieux, Patronhood veut commencer avec des petits projets faciles à gérer.
"Le but de Patronhood est la construction d'une communauté autour des projets", affirme Sachin Shukla, l’un des co-fondateurs. Dans cette optique les fondateurs investissent beaucoup d’efforts dans l’accompagnement des promoteurs de projets pour les aider à élaborer leur campagne de financement. Patronhood envisage aussi de faciliter les échanges et les occasions d’apprentissage entre les entrepreneurs, un aspect souvent absent des autres projets de sites de crowdfunding.
Les contreparties offertes par le site peuvent prendre la forme de croquis, de dessins, de photographies, ou autres gadgets liés au projet en question.
Avant de viser des projets prestigieux, Patronhood veut commencer avec des petits projets faciles à gérer.
En dépit des différences entre ces trois plateformes, elles ont la même finalité : contribuer au développement des municipalités par le financement de projets d’infrastructures communautaires, souvent à petite échelle. La clé du succès réside dans des communautés qu’elles réussiront à créer autour des projets. Après tout, ne dit-on pas que "l'Union fait la Force"?
Merci pour cet excellent article. Votre blog est une mine d'informations de premier plan.
RépondreSupprimerUne autre plateforme qui me semble similaire à celles présentées dans l'article : http://brickstarter.org/
Crowdfunding : financez vos projets sans les banques !
RépondreSupprimerhttp://entrepreneur.lesechos.fr/entreprise/financement/dossiers/financement-crowdfunding/crowdfunding-financez-vos-projets-sans-les-banques-10021124.php
Vous pouvez consulter aussi l'annuaire du Crowdfunding : http://www.alloprod.com/labels-participatifs/
Denis Levasseur
A lire aussi :
RépondreSupprimerLe financement participatif peut-il remplacer les services publics?
Le financement participatif citoyen est inévitable, notamment parce qu'il est en harmonie avec d'autres formes d'organisation basées sur l'internet, estime Ethan Zuckerman (et également parce qu'il peut être une solution face à la diminution des recettes et des dépenses publiques ajouterais-je). Le crowfunding citoyen s'appuie sur un grand nombre de mécanismes mis en avant par l'écosystème open source de l'internet : la formation de groupes rapides et légers, la coordination des efforts, l'intérêt personnel éclairé... Encore faut-il en éviter les inconvénients.
Et Ethan Zuckerman de préciser quelques règles pour cela :
- Eviter la rhétorique qui postule que le financement participatif est un remède à l'inaction du gouvernement. Il vaut mieux affirmer, comme l'a fait parfois le mouvement Occupy notamment en fournissant de la nourriture aux communautés de sans-abris, que ces services sont un exemple de ce que nous voudrions que les gouvernements fournissent et un moyen de pression sur ce que le gouvernement devrait faire.
- Faire que les projets de financements participatifs tirent parti des dispositifs existants. Ioby est un site de financement participatif citoyen qui cherche à changer l'environnement de voisinage. Un de leurs projets phares est d'aider les communautés Latinos de San Francisco a impliquer leurs édiles à convertir des interstices urbains en parcs publics. Leur projet ne cherche pas à construire un parc, mais à récolter quelques milliers d'euros pour s'assurer que la communauté pourra participer aux audiences et faire pression sur les fonctionnaires municipaux pour défendre leurs droits et leurs réclamations.
http://internetactu .blog.lemonde.fr/2012/09/21/le-financement-participatif-peut-il-batir-des-villes/