lundi 11 février 2013

Les coopératives, les plus grands employeurs privés au Nunavik


On trouve littéralement de tout dans le magasin coop de Kangiqsujuaq, un petit village de l'extrême nord du Québec. Ici, des vêtements. Là, de la nourriture. Plus loin, des électroménagers. Dans le fond de l'établissement, pour les visiteurs de passage, des sculptures en pierre à savon et d'autres pièces d'artisanat local.
Le même tableau se répète dans les 14 communautés du Nunavik. Les Inuits de Kangiqsualujjuaq, sur la baie d'Ungava, ont créé la première coopérative du nord du Québec en 1959, bientôt imités par les membres des autres communautés. En 1967, ils ont fondé la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec (FCNQ) pour favoriser la croissance.




Les 14 coopératives, qui exploitent des magasins généraux, des hôtels et des camps de chasse et de pêche, ont maintenant un chiffre d'affaires combiné de 83 millions de dollars.
«C'est très important pour une population de 12 000 personnes», commente le directeur général de la fédération, Heng Kun.
La grande majorité des coopératives sont rentables.
«Il y a toujours une ou deux coopératives qui font des déficits, mais la fédération les épongent, indique M. Kun. C'est la condition qui nous a été demandée par la Caisse d'économie solidaire Desjardins pour continuer à obtenir du financement pour des projets de construction.»
Ça tombe bien, la fédération a ses propres revenus et peut assumer ces dépenses. Le chiffre d'affaires de la FCNQ a atteint 233 millions l'année dernière grâce notamment à l'approvisionnement des magasins coop, à l'exploitation de dépôts pétroliers et à une entente de partenariat avec la société Desgagnés Transarctik pour le transport maritime de marchandises. Contrairement à la Société Makivik, la FCNQ n'a pas investi dans des navires, mais elle s'occupe de la commercialisation du service de transport et retire un pourcentage des revenus.
Les magasins coop font face à un concurrent de taille, Northern, une filiale de la société manitobaine North West Company. Toutefois, certains éléments les distinguent.
«Nous avons notre philosophie à nous, explique M. Kun. Les prix sont les mêmes dans les 14 communautés, contrairement à Northern, qui a des prix différents pour refléter les différences dans les coûts de transport.»
En outre, les coopératives peuvent verser des ristournes aux membres.
«L'an dernier, la grosse coopérative de Puvirnituq a versé un millions en ristournes sous forme de parts sociales et d'argent comptant, raconte M. Kun. Ça fait une différence.». Les coopératives emploient 380 employés, surtout des Inuits, ce qui est fait le plus important employeur privé dans le Nunavik. Le roulement est cependant important.
«Comme coopérative, nous avons une échelle salariale qui n'est pas compétitive vis-à-vis les sociétés parapubliques, indique le directeur général de la fédération. Nous formons des employés, mais parce que nous ne les payons pas assez cher, ils vont travailler ailleurs.»
La fédération elle-même emploie environ 170 personnes, surtout des blancs, à son siège social de Montréal. «Nous essayons de recruter le maximum d'Inuits, affirme M. Kun. Nous recrutons même des gens sans emplois, dans la rue. Mais ce sont des gens qui ont divers problèmes. La première semaine, c'est beau, mais après deux ou trois mois, il y a beaucoup d'absentéisme et ils quittent. Mais nous faisons des efforts.»

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