En cette période d’effervescence électorale, les promesses pleuvent au quotidien. Avec la valse des promesses, vient la question fatidique : Où est-ce qu’ils vont trouver de l’argent pour payer les emplettes? Dans la poche des riches, « stupide ». Les riches québécois vont hériter des hausses d'impôts de plusieurs milliers de dollars, si le Parti québécois (PQ) ou la Coalition avenir Québec (CAQ) gagne les élections du 4 septembre.
Les deux partis ont l'intention de serrer la vis sur les gains en capital et les dividendes. Le PQ veut aussi relever le taux d'imposition des hauts salariés pour financer les baisses d'impôts promises à la classe moyenne, à commencer par l'abolition de la taxe santé.
Hausse d'impôts de 24 à 28%
Le PQ propose de relever de 24 à 28% le taux d'imposition sur les revenus qui excèdent 130 000$. Le taux grimperait à 31% sur les revenus au-delà de 250 000$. Près de 144 000 salariés seraient concernés.
Un contribuable qui gagne 250 000$ par année subirait une augmentation d'impôt de 4800$ par année. Et un salarié qui gagne 400 000$ devrait verser 15 300$ de plus par année.
Une synthèse des impacts de toutes les mesures fiscales dans le tableau à la fin de l’article.
Les mesures proposées par les deux partis visent à rehausser l’équité fiscale, amener les riches à faire leur « juste part ». Tout le monde reconnait les inégalités de plus en plus grandissantes entre riches et pauvres dans nos sociétés. L’OCDE a alerté les gouvernements occidentaux sur la question. Des médecins canadiens et québécois ont même lancé un mouvement pour demander aux gouvernements d'augmenter le niveau d’imposition des riches dont le leur. Le mouvenent de ces riches partisans de la réduction des inégalités est accessible sur le site : http://doctorsforfairtaxation.ca. Mêmes les Américains dont 52% de riches trouvent que les riches ne contribuent pas assez à l’effort collectif. C’est de moins en moins une demande de gauchistes qui bouffent du « riche » au souper.
La pertinence sociale d’une augmentation des impôts des riches est largement acceptée et acceptable. Mais c’est dangereux de le faire parce que cela risque de les faire fuir chez le voisin clament certaines voix discordantes. La rhétorique est toujours la même : à chaque fois qu’on parle de hausser l’imposition des riches, certaines personnes brandissent le risque de l’exil économique sur la base de toute sorte d’hypothèses biscornues. Il y en a même qui avance l'idée saugrenue que les riches pourraient arrêter de travailler fort et faire moins d'argent. Je lisais plus tôt dans la presse que certains riches québécois pourraient lorgner du côté de l’Ontario.
Est-ce vraiment réaliste pour un Québécois gagnant 250 000$ de s’enfuir comme un voyou vers l’Ontario pour économiser 4 800$ d’impôts?
A mon humble avis, le riche québécois n’a aucun ou a très peu d’intérêt à aller se cacher en Ontario pour plusieurs raisons :
- La décision de déménager dans une autre région est lourde de conséquences sur le plan social, familial et culturel. Abandonner sa terre natale, son réseau d’amis, sa famille élargie, ses habitudes pour recommencer sa vie ailleurs ne peut se prendre sur la seule base d’économie de quelques milliers dollars en impôts.
- Et puis, n’est-ce pas immoral de profiter des avantages du système pendant toute sa vie : services, scolarité, université peu coûteuse… pour ensuite détaler comme un voleur dès que survient le moment d’apporter sa pierre à l’édifice.
Ok, je vais arrêter de faire de la morale à deux sous. Ce n’est pas avec cela qu’on empêchera un égoïste d’être lui-même. Parlons en termes d’avantages ou de désavantages pécuniaires.
Pourquoi ne pas rajouter le coût de la vie en Ontario dans l’équation?
L’économie d’impôts de 4 800$ suffira t-il à notre déserteur pour compenser les coûts marginaux de services plus chers, de la maison plus coûteuse, des taxes municipales plus élevées, des services de garde plus coûteux. Il est évalué que le coût de la vie est plus élevé en Ontario qu’au Québec de plus de dix pour cent.
Est-il plus intéressant pour le riche fuyard de vendre sa maison de 500 000$ au Québec pour s’en acheter une autre de même calibre bougrement plus chère à 800 000$ en Ontario? Bonne chance, si le choix est de vivre à Ottawa ou pire à Toronto, le coût du logement peut être encore plus salé. En effet, Toronto est devenue la ville où le coût de la vie est le plus élevé au pays, plus que Vancouver, selon les résultats d'un sondage de la firme Mercer.
Et puis, il parait qu’il y’a beaucoup de millionnaires ontariens et new-yorkais qui ont trouvé refuge près de la frontière ontarienne mais du côté du Québec à Ste-Anne-de-Bellevue à St-Lazare/Hudson. La belle province n’est donc pas si répugnante pour les riches.
Subventions massives aux entreprises, le BS pour les riches
Plus que le reste de l’Amérique du Nord, les riches Québécois profitent d’un ensemble d’avantages publics et de leviers incroyables.
Le Québec est considéré comme le champion en matière de subventions des entreprises privées. La province verse chaque année plusieurs milliards de dollars (6 milliards en 2007) à l’entreprise privée, et au profit d’une poignée actionnaires, pour soutenir d’hypothétiques créations d’emplois. En plus des subventions de l’État, il y a aussi l’ensemble des exemptions fiscales qui leur sont consenties. De 2004 à 2010, cette aide fiscale aurait grimpé de 730 millions $ pour totaliser 2,5 milliards $. Si on considère certaines mesures d’application générale, il faut ajouter 1,1 milliard $ de plus qui a été consenti aux entreprises en 2010. On voit très clairement que la "création de richesses" par les riches se fait essentiellement avec le soutien de l'ensemble des contribuables.
Quand tu vis autant sous perfusion gouvernementale, et que tu paies des frais les plus faibles de toute l'Amérique du Nord pour des études universitaires, tu ne devrais pas trop râler pour les hausses d’impôts qui ne représentent qu’une petite portion de ce que le système t’a donné initialement.
Subventions massives aux entreprises, le BS pour les riches
Plus que le reste de l’Amérique du Nord, les riches Québécois profitent d’un ensemble d’avantages publics et de leviers incroyables.
Le Québec est considéré comme le champion en matière de subventions des entreprises privées. La province verse chaque année plusieurs milliards de dollars (6 milliards en 2007) à l’entreprise privée, et au profit d’une poignée actionnaires, pour soutenir d’hypothétiques créations d’emplois. En plus des subventions de l’État, il y a aussi l’ensemble des exemptions fiscales qui leur sont consenties. De 2004 à 2010, cette aide fiscale aurait grimpé de 730 millions $ pour totaliser 2,5 milliards $. Si on considère certaines mesures d’application générale, il faut ajouter 1,1 milliard $ de plus qui a été consenti aux entreprises en 2010. On voit très clairement que la "création de richesses" par les riches se fait essentiellement avec le soutien de l'ensemble des contribuables.
Quand tu vis autant sous perfusion gouvernementale, et que tu paies des frais les plus faibles de toute l'Amérique du Nord pour des études universitaires, tu ne devrais pas trop râler pour les hausses d’impôts qui ne représentent qu’une petite portion de ce que le système t’a donné initialement.
Si on regarde la situation de façon globale, la grande majorité des Québécois ont un niveau de vie égal ou supérieur à la majorité de leurs voisins de l'Ontario. Le riche qui déménagerait en Ontario gagnerait un peu en économie d’impôts mais perdra beaucoup sur d’autres tableaux. Il n’y a pas que l’impôt dans la vie, il y a le reste aussi.
Par ailleurs, entre la hausse d'impôt proposée par Pauline Marois et celle de François Hollande en France, il y a quand même un immense écart de 20 points de pourcentage, soit 55% versus 75%. Doit-on s’attendre à un déferlement de cousins français au Québec dans les prochaines années?
Source du tableau : www.cyberpresse.ca |
Ce sera tres interessant en fait de voir si toutes les theories economiques qui disent que lorsqu'on impose les riches un peu plus, ils finissent par payer moins d'impot, car certains quittent vers d'autre cieux entre autres raisons, sont vraies.
RépondreSupprimerBien que seul l'avenir dira si cette hypothese est applicable pour les Quebecois (mais deja prouvee en Angleterre), je crois qu'il ne faut pas sous-estime le fait que nos futurs riches sont issus d'une generation ou le plaisir, la vie familiale et un bon equilibre dans la vie sont des considerations importantes. S'ils sont tres imposes, plusieurs vont plutot demander a avoir plus de conges et vacances au lieu de se taper des heures supplementaires ou d'avoir des augmentations qui ne leur donneront pas grand chose au bout du compte. En contre partie, ces heures seront probablement travailles par d'autres personnes en bas de l'echelle, qui eux finiront par faire plus d'argent et par paye plus d'impot, et ainsi de suite.
Bref, le Quebec sera un laboratoire d'etude sur la surtaxation.
C'est bien possible que des riches fuient vers d'autres pays mais vers quel pays et pour quelle économie? Certains français qui ont quitté la France après le 75% l'ont fait sur un coup de tête et se sont retrouvés dans d'autres pays européens plus taxés. Et si le pays d'accueil change sa fiscalité vers la hausse, le riche sera coincé de nouveau. L’exil économique un phénomène marginal, récent, exagéré et mal documenté. Dans les années 70, 80, les riches payaient pratiquement 2 fois plus d'impôts qu'aujourd'hui avant que les gouvernements successifs aient commencé par inverser la donne.
SupprimerÉvidement, il ne faut pas hausser les impôts de façon exagérée mais modérée pour que la perspective de fuite soit plus coûteuse qu'avantageuse. Un riche ne vendra pas son entreprise et ses biens et partir pour le genre de hausse proposé par le PQ et la CAQ.
Pour le cas de l'Angleterre, les riches ont juste trouvé massivement des abris fiscaux pour échapper à la hausse. Ils savent mieux que d’autres s’entourer de conseils avisés pour échapper à l’impôt. Quand la hausse est très forte, les gens se donnent plus le droit de tricher. Les gouvernements doivent d’ailleurs travailler plus pour contrer les fraudes fiscales des riches. Au moins 21 000 milliards sont transférés dans des paradis fiscaux par 0,001% de la population mondiale selon une étude de l'association Tax Justice Network (TJN). Ca annule tout effet de hausse d’impôts.
Les riches pingres se cachent pour pourir.
RépondreSupprimerZénon D.
Pour les riches Québécois qui sont tannés de payer leur juste part des frais de fonctionnement de la cité, je vous propose des destinations où vous ne paierez aucun impôt, par exemple dans les paradis fiscaux caribéens ou dans un pays africain loin de chez vous. Par contre, je vous préviens que vous n’aurez droit à aucun service public. Tout est payant. Si vous ou un membre de votre famille a la malchance d’attraper une grosse maladie, ca peut vous coûter une fortune. Vous devrez payer les études de vos enfants du primaire à l’université. Vous n’aurez pas la possibilité de chialer pour la mauvaise qualité des services publics puisque vous n’en aurez point. Et si par hasard, un chef militaire décide de semer la zizanie par soif de pouvoir, vous risquez de perdre tous vos biens et toutes vos économies. Et peut-être, vous allez penser revenir au Québec pour sortir de la merde. Vous savez quoi? Le Québec vous prendra en charge avec l’argent que les contribuables ont confié collectivement et solidairement à l’État pour faire fonctionner le système. Et peut-être vous appréciez enfin la chance de vivre dans un système, certes imparfait, mais pas si mal si tout le monde accepte de faire sa « juste part ».
RépondreSupprimerFélix Nikiema
On nous radote toujours l’idée que les Riches travaillent plus fort pour s'enrichir et pourrait ralentir en cas d’imposition élevée. Pensez-vous que ce sont les plus riches qui travaillent 70 heures/semaine ou qui se tapent 2 ou 3 emplois différents pour joindre les 2 bouts? Cette idée que le riche travaille plus que les autres pauvres relève d'une théorie et d'une idéologie complètement dépassée. Une infirme minorité accumule les profits justement parce que la majorité travaillante n'est pas souvent rémunérée à la juste valeur de leur labeur, ou tout simplement en spéculant.
RépondreSupprimerLes écarts entre riches et pauvres ont atteint des records dans les pays de l’OCDE selon l’OCDE et la banque mondiales qui ne sont quand même pas des repères de gauchistes.
Plusieurs recherches ont démontré que les plus riches sont aussi ceux qui ont tendance à frauder le fisc. Au moins 21 000 milliards sont transférés dans des paradis fiscaux par 0,001% de la population mondiale selon une étude de l'association Tax Justice Network (TJN),
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2012/07/23/006-sommes-paradis-fiscaux-rapport.shtml
La solution pour que tout le monde fasse sa part, c’est que tous les pays harmonisent leurs politiques pour empêcher les fraudes fiscales transnationales.
Excellente analyse
RépondreSupprimerDe toute facon, les riches n'ont pas besoin de quitter pour échapper au fisc. Ils sont entourés de spécialistes qui les aideront à faire des tours de passe passe. 21 000 milliards de $ dans les paradis fiscaux devraient être une priorité. En Europe, ce sont des États "voyous" comme la Suisse et le Luxembourg qui en profitent. Ces pays qui ont accumulé au fil du temps d'énormes capitaux provenant de pires didacteurs partout dans le monde. Les pays pillés ne peuvent même récupérer leur argent après la disparition de ces didacteurs.
R. Ando