Pour contrer la fraude fiscale, rien n’est plus efficace que la menace d’une dénonciation, selon une étude québécoise récente.
C'est la principale constatation faite par trois chercheurs
du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations
(CIRANO), dans une étude qui vient d'être publiée. Les auteurs sont David
Masclet, Claude Montmarquette et Nathalie Viennot-Briot. Le document s'intitule Comment réduire la fraude fiscale ? Une expérience sur le signalement.
L'étude révèle que la menace d'une dénonciation fait grimper
le taux moyen de déclaration de revenus
à 90%. Les campagnes d'information et le simple risque de payer une amende
ne peuvent faire monter ce taux au-delà de 78%.
Cela
signifie que 9 répondants sur 10 ont déclaré tous leurs revenus et payé tous
leurs impôts, si la menace d’une dénonciation était présente.
Pour
obtenir ces résultats, les chercheurs ont mené une expérience auprès de 250
participants, dont le revenu était assujetti à une taxe de 40 %, précise
Argent.
Un
programme de dénonciation
Selon le
président-directeur général du CIRANO, Claude Montmarquette, il est temps
d’instaurer un programme de «délation anonyme», comme plusieurs pays l’ont déjà
fait.
L’article
donne l’exemple de l’Italie, où plus de 75 000 contribuables avaient été
dénoncés, en date de juin 2010. Au total, le gouvernement italien a réussi à
récupérer 18 millions d’euros grâce à ce programme, soit 24,5 millions de
dollars. La Grèce et les États-Unis sont aussi dotés d'un programme du
genre.
Le temps de se
responsabiliser
La
mesure est efficace et il est grand temps d'injecter une dose de responsabilité
au sein de la population québécoise, affirme Claude Montmarquette, PDG du
CIRANO.
«Les
gens n'aiment pas les menaces de dénonciation, raconte-t-il. C'est une
incertitude et leur réputation est mise en cause. Leur comportement devient
ainsi différent. Rendons crédible cette menace et soyons vigilant, comme nous
le sommes pour d'autres causes comme les enfants maltraités et la rage au
volant.»
Il
ne faut pas douter des résultats qui seraient obtenus, ajoute M. Montmarquette.
«On l'a vu avec la Commission Charbonneau. La commissaire a dit: n'hésitez pas,
dénoncez, nous avons des lignes téléphoniques. Ça a eu un succès considérable.»
L'évasion
fiscale annuelle au Québec
Construction
résidentielle: 1 G$
Construction non-résidentielle: 500 M$
Restauration: 420 M$
Services personnels: 280 M$
Tabac: 225 M$
Autres: 1 G$
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