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jeudi 28 mars 2013

Économie verte : les entreprises québécoises manquent-elles de vision à long terme ?



Les nouvelles réglementations en matière environnementale auront un impact majoritairement positif sur le développement des entreprises au Québec, selon un sondage intersectoriel réalisé auprès de 68 hauts dirigeants d'entreprises leaders dans leur secteur d'activité par la firme SOM, à l'occasion du premier Forum national sur l'essor de l'économie verte et son impact sur la formation et la main-d'œuvre qui a lieu ce lundi au Palais des congrès de Montréal.

L'environnement perçu également comme une source de dépenses pour les entreprises

Mais en même temps, ils sont une majorité (63%) à croire que les questions environnementales sont surtout une source de dépenses pour leurs entreprises. Une affirmation qui semble contradictoire avec l’importance perçue par ces mêmes dirigeants des considérations environnementales pour le développement de leurs affaires. Au niveau actuel de l’évolution de la conscience verte où la grande majorité des pays occidentaux ont adopté ou préparent des plans d’actions d’envergure pour le virage vert de leur économie, réduire les considérations environnementales à une idée de simples dépenses supplémentaires pour les entreprises n’a pas de sens et démontrent une courte vue de la compréhension des réalités économiques d’aujourd’hui.

Près de 522 milliards $ US ont été consacrés en 2011 au décollage d'une économie verte en Chine, aux États-Unis, en Europe et en Corée du Sud. Ces pays ne consacreront pas autant d’argent dans le virage vert s’ils pensent que ce sont des dépenses et non des investissements qui vont assurer à moyen et long terme la viabilité et la durabilité de leurs économies respectives.

Pour Alexandre R. Cabral, un professeur de génie civil de l'Université de Sherbrooke qui participait au Forum. “La création de richesses venant de l'économie verte est beaucoup plus importante. De là viendront les emplois de demain. Il faut passer à une autre étape !”.


Une étude du Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) intitulée “Vers une économie verte” arrive aux conclusions ci-dessous.
- La première conclusion, selon les prévisions par le modèle macroéconomique du PNUE de la transition vers une économie verte,  le verdissement non seulement entraîne une augmentation de la richesse, en particulier un gain de biens environnementaux communs ou de capital naturel, mais génère aussi (sur une période de six ans) un taux plus élevé de croissance du PIB, mesure classique de la performance économique. Les autres conclusions de l’étude sont les suivantes
- L’économie verte reconnaît la valeur du capital naturel et l’intérêt d’y investir.
- L’économie verte joue un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté.
- L’économie verte crée des emplois et renforce l’équité sociale.
- L’économie verte substitue les énergies renouvelables et les technologies à faible taux d’émission de carbone aux combustibles fossiles.
- L’économie verte favorise l’utilisation plus rationnelle des ressources et l’efficacité énergétique.
- L’économie verte assure des conditions de vie urbaines plus durables et une mobilité à faible taux d’émission de carbone.
- Sur la durée, l’économie verte connaît une croissance plus rapide que l’économie brune tout en entretenant et en restaurant le capital naturel.

Une méconnaissance des atouts de l'économie verte

Le fait que 63% des dirigeants d’entreprises québécoises interrogées considèrent les investissements dans le virage vert comme des dépenses dénote également d’une compréhension insuffisante des tenants et aboutissants de l’intégration des pratiques de développement durable dans une entreprise. Les 68 cadres interrogés entre le 25 janvier et le 13 février dernier ont également exprimé des craintes quant à la rentabilité de leurs entreprises respectives, dans 19 % des cas, ils ont perçu le virage vert comme étant assez négatif ou très négatif. Une perception assez curieuse et non conforme avec la réalité. En effet, selon un article de la Banque de développement du Canada, passer au vert est rentable pour les entreprises.  En effet,  une bonne planification environnementale permettrait aux entreprises de réduire leurs dépenses.

Ici, les domaines de l'aménagement forestier, du transport routier et de la chimie, pétrochimie et du raffinage ont laissé paraître les inquiétudes les plus vives. Fait étonnant, puisque le récent forum sur les redevances minières a révélé de vives tensions entre les minières et les groupes environnementaux, seulement 14 % des dirigeants issus du secteur minier ont dit craindre un impact négatif sur la rentabilité de leur entreprise advenant l'implantation d'une économie verte.

Cependant, un élément positif de ce sondage : 56% des hauts dirigeants interrogés ont dit des compétences environnementales de leur personnel qu'elles étaient assez ou très importantes lors de l'embauche. C'est peu étonnant, étant donné que 84% d'entre eux ont dit s'attendre à investir dans la formation en environnement en raison des nouvelles réglementations environnementales dans un avenir rapproché, à savoir au cours des trois prochaines années.

Rappelons que Québec a fait du système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre (GES) le point central de son Plan d'action sur les changements climatiques 2013-2020. 

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