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mardi 24 avril 2012

Droits de scolarité: l'injuste part !

Je trouve très intéressant ce point de vue démographique qui invalide l’argument populiste de la « juste part ».

De Guillaume Marois


Le débat sur l'augmentation des droits de scolarité soulève les passions. Parmi les arguments avancés de toute part, on retrouve généralement ceux liés aux enjeux socioéconomiques, moraux ou éthiques. Toutefois, l'un des enjeux les plus importants pour l'avenir des jeunes générations n'est que rarement mentionné dans le débat public : l'enjeu démographique. Il mérite qu'on y porte attention, non seulement pour ce débat, mais également pour d'autres décisions qui devront éventuellement être prises. 
Les comportements démographiques passés déterminent en bonne partie la structure par âge du futur. Ainsi, le vieillissement démographique n'est pas qu'un scénario probable, c'est une certitude. Cela se traduira par une forte augmentation du rapport de dépendance démographique des personnes âgées, c'est-à-dire qu'il y aura beaucoup plus de personnes dites dépendantes (les retraités) et moins de travailleurs pour soutenir celles-ci. Par conséquent, le fardeau social et fiscal qui pèsera sur les épaules des futurs travailleurs ira en croissant. Si le vieillissement est inévitable, il est tout de même encore possible d'amoindrir l'iniquité intergénérationnelle qu'il pourrait engendrer. Toutefois, les récentes décisions gouvernementales n'ont rien pour empêcher le déséquilibre démographique de frapper les jeunes générations.

À la base, il est particulièrement injuste que les jeunes ne bénéficient pas du même accès à l'éducation ou doivent s'endetter davantage que leurs aînés, pire encore lorsqu'on prétend qu'ils doivent payer leur « juste part ». Leur part, ils la paieront amplement, et même plus, au cours de leur vie active. En plus de devoir assumer les dépenses sociales de leur propre génération, celles qui n'ont pas été payées en totalité par leurs prédécesseurs leur seront léguées. Les jeunes d'aujourd'hui devront payer pour leurs propres besoins - santé, retraites, services publics, etc. -, mais ils verront aussi s'ajouter à leur facture les soins de santé des Boomers vieillissants, les retraites de ceux-ci et plus que leur « juste part » de la dette publique.

Les jeunes paieront, mais auront-ils droit à la contrepartie? Déjà, nous savons que les jeunes d'aujourd'hui cotiseront davantage au RRQ, mais lorsqu'ils prendront leur retraite à leur tour, il y a fort à parier que les coffres seront vides. La force électorale des Boomers étant ce qu'elle est, aucun gouvernement ne veut prendre de décisions qui leur déplaisent. La décision du gouvernement conservateur d'augmenter l'âge à la retraite à 67 ans en est un bon exemple : cette mesure ne sera effective que lorsque les Boomers seront déjà à la retraite. L'augmentation des frais de scolarité est d'une lâcheté analogue. Les jeunes paieront nettement plus que toutes les générations précédentes pour s'éduquer, sauf celles qui ont été scolarisées avant le gel de 1968. Est-ce bien cela leur « juste part »?
Les jeunes devront assumer les conséquences de certaines décisions du passé, mais également une structure démographique qui les désavantage. Il est ainsi d'une incroyable lâcheté que de faire consciemment le choix de leur transférer un plus lourd fardeau du coût de l'éducation. Même si le gel à long terme des frais de scolarité entraîne une diminution graduelle de la contribution des étudiants à leur éducation, cela demeure une bien mince consolation pour les jeunes générations si on regarde ce qui les attend au cours des prochaines années.

Une population hautement scolarisée sera primordiale à l'accomplissement de bon nombre des défis engendrés par le vieillissement de la population, notamment celui de créer plus de richesse avec moins de travailleurs. Dans ce contexte, l'éducation devient plus que jamais une responsabilité collective. Les Boomers se trompent s'ils pensent que la productivité des générations qui les supporteront bientôt ne les concerne pas. La solidarité intergénérationnelle, ce n'est pas une idée allant à sens unique.

L'auteur est doctorant en démographie à l'Institut national de la recherche scientifique. Coauteur du livre Le remède imaginaire. Pourquoi l'immigration ne sauvera pas le Québec.

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